7-8 Juillet 1980 - Jérusalem

Lundi 7 Juillet – Arrivée à Jérusalem034.MontduTemple

 

 

« J’étais dans la joie, Alléluia !

Quand je suis monté

vers la maison du Seigneur ! »

                                               Ps 122

 

                                  

Accueil à la Maison d’Abraham  (Ancien séminaire Syriaque, gérée par l'Église de France) qui accueille de nombreux groupes.

 

Douche  -  Dîner

 

Lundi 07 Juillet – Jérusalem

 

  De la maison d’Abraham (propriété de l’Église de France) où nous logeons pour quelques jours, nous avons une belle vue sur la vieille ville de Jérusalem, les remparts, le dôme du Rocher…et nous avons sous les yeux les 3 vallées : du Cédron, du Tyropéon et de la Géhenne.

 

Manu nous invite d’abord à une vaste rétrospective :

 

-          2ème millénaire : Cité Cananéenne des Jébuzéens

-          1000 av. J-C : David, roi de Juda et des tribus du Sud, établi à Hébron, devient roi des tribus du Nord. David prend la ville aux Jébuzéens (II Sam 5) Salomon construit le Temple.

-          931 av. J-C   : Schisme entre Israël et Juda – La ville s’étend vers l’Est en enjambant le Tyropéon.

-          701 av. J-C   : Le Royaume du Nord (Israël) est occupé par les Assyriens

      Le Royaume du Sud (Juda) paye un tribut (comme bcp d’autres petits royaumes)

Travaux pour que la source ne puisse être coupée par des assiégeants éventuels : c’est le fameux canal d’Ézéchias, que nous franchirons bientôt)

-          640 av. J-C   : JOSIAS     - Centralisation du culte à Jérusalem  - d’où ‘déclassement’ des Lévites

-          587 av. J-C : Nabuchodonozor prend Jérusalem, détruit le Temple, emporte les trésors.

                            E X I L / Expérience spirituelle forte autour des prêtres et d’Ézéchiel

-          538 av.  J-C : Cyrus et les Perses (Iran d’aujourd’hui) ayant battu les babyloniens (Irak d’aujourd’hui) – Edit de Cyrus

-          515 av.  J-C : Reconstruction (modeste) du Temple, avec Esdras et Néhémie : tiraillement entre exilés et gens du pays

-          333 av. J-C : Arrivée des Grecs : les séleucides

-          166 av. J-C : Antiochus-Épiphane interdit aux juifs de vivre leur loi. Ces contraintes sont insupportables, d’où la révolte des Macchabées (Judas – Jonathan – Simon) qui reconstituent un royaume indépendant. Les Asmonéens refont les fortifications et la forteresse de l’Acra

-          40 av. J-C : Hérode-le-grand qui a remplacé les Asmonéens, rénove et aggrandit le Temple, élargit les fortifications d’enceinte, se construit un palais.

-          04 av. J-C : Partage du Royaume entre les trois fils d’Hérode : Philippe, Hérode Antipas et Archélaüs

-          40 ap. J-C : Hérode Agripa construit un 3ème mur au Nord de Jérusalem, qui englobe la colline du Calvaire. (Il est clair que cette partie du mur est postérieure à Jésus).

-          70 ap. J-C : écrasement de la révolte des Zélotes – ‘La guerre des Juifs’ Destruction du Temple par Titus.

-          132 – Hadrien fait une ‘parousie’ : visite officielle en Palestine. Mais Bar-korba mène une révolte, reprend Jérusalem, bat une monnaie. Il est pris pour le Messie. Les Romains veulent tout raser et reprendre à zéro pour tenter de venir à bout de la révolte. Hadrien veut faire de Jérusalem une ville totalement nouvelle : « Aclia Capitolina » avec temples païens sur tous les lieux-saints chrétiens. Ce sont les murailles d’Hadrien qui restent la base de la vieille ville d’aujourd’hui. Donc, 2 siècles après J-C, l’ancienne cité Jébuséenne au sud se trouve à l’extérieur. Le Cénacle se trouve à l’extérieur et le Calvaire à l’intérieur

-          325 – Quand les Romains deviennent chrétiens, Constantin fait une basilique, on construit une église sur l’ancienne piscine de Béthesda : Ste Marie Neuve.

-          450 - Les Byzantins font de l’esplanade du Temple le dépôt d’ordures de la ville car le temple est périmé. Étérie, impératrice de Byzance rénove les murs.

-          614 – Les Perses détruisent toutes les basiliques byzantines

-          632 – Les arabes arrivent. Pour eux, le Mont Moriah  ou montagne du Temple, est le lieu du sacrifice d’Isaac. Le calife se met à nettoyer l’esplanade avec son manteau. L’Islam, qui honore à la fois Mahomet et Jésus, fait de Jérusalem son deuxième lieu saint : Dôme du Roc, mosquée d’El Aqsa

-          Prise de Jérusalem par les croisés. Du 10ème au 13ème s. les croisés refont des églises partout

-          1517 – Les Turcs, avec Soliman le Magnifique, prennent Jérusalem et restaurent les murailles d’Étérie (qui avait restauré celles d’Hadrien).  L’occupation mamelouk va durer quatre siècles.

-          1917 – Les Alliés, menés par les Anglais (Allenby), séparent la ville de Jérusalem en quatre quartiers : quartier juif, quartier chrétien, quartier musulman, quartier Arménien, toujours distincts.

-          1948 – Vote de l’ONU portant création de l’État d’Israël : toute la vieille ville demeure jordanienne et les juifs en sont totalement exclus. 

 

Puis nous gagnons la ville sainte, en traversant un village arabe et en franchissant le torrent du Cédron. 

 

Après avoir bien observé la maquette du vieux Jérusalem, à l’hôtel Holyland,

nous déjeunons dans le souk… (sans doute avec des falafels, sorte de sandwichs de pain brioché garnis de salades et pois chiches).

Puis nous nous rendons sur l’esplanade du Temple : Dôme du Rocher, Mosquée Al Aksa 029.MurduTemplevuduCédron(les musulmans en sortent)

 

Lecture de I Rois, 8, 10-27 : Prière de Salomon :

 

Dieu n’a pas choisi de ville, de lieu, de maison, mais il donne à David une Maison (une descendance).

 

« mais Dieu habiterait-il vraiment avec les hommes sur la terre ?

 

 

 

D’un culte sans liens (arche allant de sanctuaire en sanctuaire) 030.Pinacle du Temple

on passe à un culte lié à un Lieu unique, le Temple.

Jérémie 7 se moquera de ceux qui d’en vont disant

« le Temple du Seigneur, le Temple du Seigneur, le Temple du Seigneur ».

« Améliorez vos voies et vos œuvres, respectez le droit et je serai avec vous »

Jésus aura la même critique face au culte du Temple :

« Ce n’est ni à Jérusalem, ni sur le mont Garizim qu’on offre les sacrifices… »

« Je vous traiterai comme j’ai traité Silo…(Jérémie 26)

« le Temple qui porte mon nom peut-il devenir une caverne de voleurs ? » 

 

031.Mosquéed'Omar        

 

Nous admirons les deux mosquées :

-          le Dôme du Roc, splendide monument du 7° s., avec le « Rocher », sommet de la colline de Sion,

où David a offert le sacrifice (II Sam, 6, 17-18 – I Chron 16, 1-3),

où Abraham aurait offert son fils Isaac (Mont Moriah, Gen, 22),

où, sans doute, se trouvait l’autel du Temple.

-          et la Mosquée d’Al Aksa, avec ses tapis, mosaïques, vitraux… sa sobriété et la piété des musulmans que nous voyons sortir de la prière…

-          et puis l’esplanade du Temple, avec la forteresse Antonia tout à côté, d’où les Romains surveillaient les juifs dans le Temple,  où Paul sera ‘cuisiné’ (Actes 21 – 24)… Le pinacle dominant la vallée. 032.ForteresseAntonia

 

En sortant, nous croisons des juifs privés de leur Temple, exclus de l’esplanade (où ils pourraient fouler le Saint des Saints) et se retrouvent devant la fameux mur des lamentations, le seul bout du Temple qui leur soit encore accessible. Mais la présence de Dieu avec son peuple est-elle liée à un Temple ? Cf. II Sam 7, où Dieu refuse à David de lui construire une maison.

  033.MurdesLamentations

Leur Dieu est un Dieu de la marche, du voyage, plus que du sanctuaire.

 

Voir tant de psaumes : 

 

15 : Qui habitera ?

 

84 : Mon cœur et ma chair sont un cri de joie

 

85-87 : Psaumes des montées

 

125 – 126 – 127 : Psaumes du retour

 

137 : ‘Ballade’ de l’Exil

 

 

 

  Mardi 8 Juillet - Libre approche de Jérusalem

 

036.TourdeDavidJe passe cette journée à marcher dans Jérusalem.

Je commence par faire la promenade des remparts, ce qui donne des vues sur la vieille ville. Mais la Tour de David est bloquée.

Je trouve un petit restaurant où je mange une sorte de couscous...

Je cherche un cordonnier dans le souk, pour consolider ma musette qui s'en va en acordéon...

 

Je suis frappé de voir le grand nombre de femmes arabes en tenue "traditionnelle" avec le voile.

Les israéliens, pour la plupart, sont en tenue occidentale, parfois avec la 'kippa', sauf quelques traditionnalistes qui sont en noir, avec papillotes et chapeau noir. Nous dévrirons plus tard le quartier Méa-Shéarim où ils se regroupent.

il y a aussi beaucoup de jeunes militaires, garçons ou filles, en armes. Je me demande même s'il n'y a pas des civils armés.

 

Je choisis de me rendre sur l'esplanade du Temple, qui est dans la ville arabe, un peu comme un jardin public peu fréquenté. Je cherche un coin tranquille pour lire les livres d'Esdras et de Néhémie, évoquant la reconstruction du Temple au retour d'Exil; mais, par deux fois, je me fais déloger par des gardiens (arabes, je suppose), car, me disent-ils, il est interdit de lire la Bible dans ce lieu public proche de l'entrée de la Mosquée d'El Aqsa... J'imagine qu'il n'en serait pas de même pour le Coran ! 

 

 038.Souk

 

 

     047.TombeaudeDavid(prèsCénacle) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Il faut affronter le tragique dilemme ; la bipolarité historique, le dualisme réapparaît : ville de la rencontre ou simplement ville de la coexistence ? Ville où tant de personnes et de situations se côtoient, mais ne s’interpénètrent pas ?  David Shahar raconte ses expériences d’enfant né à Jérusalem et d’homme vivant à Jérusalem. Il dit (et c’est une expérience que nous avons tous faite) :

‘Jérusalem est un monde de coexistence, non de symbiose. Vous êtes là par exemple, à la porte de Sichem et vous pouvez voir les uns à côté des autres  un rabbin qui va prier au mur, une fille en minijupe venant de son kibboutz, un musulman sur son âne et un moine grec. Je dirais qu’il n’y a aucune interpénétration. Chacun vit dans son monde ; il n’y a rien de commun entre le monde du rabbin et celui du moine grec : ce sont des mondes différents, qui coexistent, l’un à côté de l’autre. Cela nous donne une ville de tensions terriblement fortes. Je le sens personnellement dans tous les domaines de la vie. Je ne parle pas seulement de la guerre entre nous et nos voisins. Je suis un homme très pacifique et pourtant je suis passé par cinq guerres. Je parle aussi de la communauté juive au sein de laquelle il y a coexistence mais non interpénétration. C’est une tension permanente : tensions entre les pratiquants et les non pratiquants, tension entre communautés différentes. C’est une tension qui vibre sans cesse dans cette ville et qui est toujours lourde de guerre. Cette ville est unique et universelle…’

Avec ces phrases et les questions de Shahar, nous entrons dans le mystère de cette ville. Que signifient toutes ces réalités historiques que nous constatons et que nous ne pouvons nier, dont nous sommes en partie les témoins, dont nous nous réjouissons quand les aspects positifs l’emportent sur le négatif, et dont nous nous attristons quand survient le contraire ?  Que signifie tout cela en relation avec le mystère de paix, de prospérité, de joie, de justice et de fraternité que Jérusalem annonce par son nom même ? »

                                                                Cardinal Martini – Vers Jérusalem p. 88/89 (publié en 2006)

 

Soirée chez Rina Geftman, de la communauté israëlienne chrétienne.

 

Elle est née en Russie, est venue en France à 10 ans, s’est convertie au Christianisme à 18 ans

Sur les 100.000 chrétiens, très divisés, on compte 300 à 400 israéliens catholiques.

Elle évoque longuement les problèmes d’une telle communauté très minoritaire, très soucieuse de se situer en juifs et de ne pas faire de prosélytisme, mais d’être témoins de l’espérance et de la fraternité.

Elle nous parle d’une école de la paix.

Elle évoque les Kibboutz (marxistes, socialistes, religieux), les juifs intégristes de Mea Shéarim, et aussi un peu les problèmes politiques actuels.

Actuellement, il y aurait 3 M. de juifs pour 1 M. d’arabes

C’est impressionnant de rencontrer un tel témoin.

 

 

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