9-10 Juillet 1980 - La Jérusalem chrétienne
Mercredi 09 – Juillet – Jardin des Oliviers… Saint sépulcre
Béthanie : le tombeau de Lazare – Cf Lazare et le mauvais riche, dans la perspective de la mort de Jésus
Route du Jourdain – Jéricho – Jérusalem
Betphagée : lieu de la fuite de David (II Sam. 15, 13-33)
Au loin, on voit Anathot, le pays de Jérémie.
C’est là que Jésus a envoyé prendre un âne chez un ami et que le cortège s’est formé avec les enfants. (Mt 21, 1-11)
Mont de l’Ascension : lecture de Luc 24, 36 – 50 et du Livre des Actes, 1, 6-14
Le temps qu’il a fallu pour faire l’expérience de la présence du Christ pascal
Jardin des Oliviers :
Là, à l’ombre des oliviers séculaires, nous nous installons assis sur les feuilles d’olivier.
Nous sommes à flanc de colline et, à travers les branchages, nous avons une belle vue sur la grande muraille de Jérusalem et sur le Dôme du Rocher.
Sans doute proche du lieu appelé Gethsémani (ou pressoir à huile)
Nous lisons l’évangile…Luc, 22, 39 – 53 
« Il sortit et se rendit comme d’habitude au mont des Oliviers et ses disciples le suivirent. Arrivés sur place, il leur dit : Priez pour ne pas entrer au pouvoir de la tentation.’ S’étant mis à genoux, il priait disant :’Père, si tu peux écarter de moi cette coupe…’ Pris d’angoisse, il priait plus instamment et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre. Quand il revint vers ses disciples, il les trouva endormis de tristesse. Il leur dit : ‘Quoi ! vous dormez ! Levez-vous et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation ».
Nous célébrons l’Eucharistie : c’est mon tour de présider. Je suis impressionné d’avoir à mettre en œuvre le « Faites ceci en mémoire de moi » dans pareil site, en nous rappelant les grains disséminés sur les collines et le raisin pressé pour produire le vin de la nouvelle alliance.
La communion au Christ et entre nous est palpable.
Tombeau de Marie, près de la porte des lions (Dormition)
Piscine de
Bethesda : Jean 5 – qui, à l’époque de Jésus était à l’extérieur des murs.
1ère montée de Jésus à Jérusalem pour la fête, selon Jean
Bézatha ou Béthesda, c’est la piscine des brebis, connue pour ses 5 portiques et sa foule d’infirmes. Peut-être s’agissait-il d’un sanctuaire dédié à un dieu guérisseur : Sérapis ou Esclapios ? C’est pourquoi Jésus n’aurait pas fait appel à sa foi.
Avec Église Ste Anne, (Maison d’Anne et de Joachim dans la tradition byzantine)
puis Église des croisés.
Via dolorosa : identifiée comme telle parce que proche de la forteresse Antonia…
Mais il y aurait eu erreur, car le palais de Pilate était ailleurs. 
Lithostrotos : sorte de dallage (postérieur) Jeu de dés des soldats romains : on tirait le roi au sort,
ce qui correspond à la dérision des soldats par rapport à Jésus.
Saint Sépulcre : très ancienne carrière de pierres près des murs de la ville, abandonnée après l’Exil…
Devenue lieu de sépulcres creusés, près d’un mamelon en forme de crâne (ou calvaire)
Crucifixion et ensevelissement ont sans doute eu lieu très proche l’un de l’autre,
D’où une unique Basilique
- en 135, Hadrien supprime ce lieu de culte et y installe un temple à Vénus
- en 330, Constantin fait découper la colline autour du tombeau et construit une rotonde appelée Anastasis, (= résurrection) un petit cloître, un chapelle du calvaire (Si les chrétiens n’avaient pas été sûrs du lieu, ils n’auraient pas été chercher sur un temple païens)
- les croisés gardent la rotonde et construirent une basilique dans l’autre sens. Basilique bien restaurée, malheureusement les orthodoxes ont reconstruite le mur qui coupe…
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Il y a un copte qui fait toucher la pierre du tombeau, avec croix, image, eau bénite et dollars !
Il y avait une trop longue queue pour qu’on puisse tous entrer dans le tombeau
Dans la chapelle Ste Hélène, on lit Luc (la mort de Jésus Luc, 23, 33-56)
« Arrivés ai lieu dit ‘le Crâne’, ils l’y crucifièrent, ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : ‘Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font’. Et pour partager ses vêtements, ils tirèrent au sort. Le peuple restait là à regarder ; les chefs eux ricanaient : Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie de Dieu’… Jésus poussa un grand cri ; il dit : ‘Père, entre tes mains je remets mon esprit’. Et sur ces mots il expira.
et I Cor 15, 1-11, avec le chant « Christ est venu… Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité, Christ est vivant, Christ reviendra, Christ est là ».
Nous prolongeons notre prière devant le rocher du calvaire… malgré le moine avec ses cierges et son plateau de fric !
Cénacle : localisation à peu près sûre d’une communauté judéo-chrétienne dont Eusèbe de Césarée, au 2ème siècle. donne la liste des épiscopes, tous juifs .
C’est sans doute là qu’a été le premier « siège » de l’Église à partir de la résurrection du Christ.
Tombeau de David – Contact fortuit avec un rabbin plus ou moins sérieux : ça tourne court !
Jeudi 10 Juillet – Musée du livre –
Canal d’Ézéchias
Le matin, nous nous rendons au Musée d’Israël et au Temple du livre où sont exposés des rouleaux des manuscrits de la Mer Morte. Sa coupole
blanche, ayant la forme d’un couvercle de jarre, attire le regard et évoque les amphores dans lesquelles les manuscrits ont été trouvés en 1945. 
L’après-midi, nous allons aux sources du Gihon, près des anciens remparts, et empruntons, les pieds dans l’eau, le fameux canal d’Ézéchias, construit en 700 av. J-C, long de 512 m. pour garantir l’alimentation de Jérusalem en eau potable et par lequel des jérosolimites échappèrent à Sennacherib. (Cf. Isaïe 8, 6-7 ; Sir 48,19 ; Isaïe 22,11 ; Néhémie 3,15 ; II Chroniques 32, 2-30).
C’est là que se situe la piscine de Siloë où Jésus envoya l’aveugle se laver les yeux. (Jean 9, 1-13 et 35-41) 
Devant le mur des Jébuzéens, nous lisons Néhémie 2 et évoquons les difficultés au retour d’exil et l’immense déception, devant la manière dont vivent ceux qui sont restés au pays qui se sont habitués à vivre comme des ammonites ou des samaritains, de ne pas pouvoir réaliser le rêve d’une restauration. (Néhémie 2 – 3 – 4)
Soirée avec des chrétiens palestiniens dont deux prêtres :
le curé de Bet Saour (près de Bethléem) originaire de Samarie
8000 hab. – 6000 chrétiens, surtout orthodoxes (+ Melchites, Luthériens…)
L’école paroissiale est restée une activité essentielle pour les curés : 4000 écoliers, beaucoup d’universitaires
25000 hab. à Bethléem, 5000 chrétiens
Sentiment de frustration :nous ne sommes pas assez écoutés dans le monde.
Quand il s’agit des chrétiens, la frustration est double, car on ne sait pas qu’il y a des arabes chrétiens.
La communauté chrétienne de Palestine représente 200.000 chrétiens (diocèse de Jérusalem), sur 200 M. d’arabes qu’on ne connaît qu’à travers le pétrole… Sa culture, son aspiration à l’unité : mais 21 pays !
Les chrétiens sont une infime minorité dans la marée islamique
Palestine : 3 M. d’Israéliens, 3 M. d’arabes : comment survivre entre musulmans et juifs ?
Nous sommes chrétiens depuis le début, depuis 2000 ans.
Les 200.000 chrétiens de Palestine sont extrêmement divisés.
À Jérusalem, par ex., il y a 14 communautés chrétiennes, sans compter les sectes
100.000 grecs orthodoxes
50.000 catholiques latins (avec 80 prêtres)
Les catholiques orientaux (grecs catholiques ou melchites) sont la majorité en Galilée proche du Liban.
Le gros problème est l’émigration
La ½ de la population de Bethléem vit à l’étranger, surtout en Amérique latine.
Les départs sont causés d’abord par l’insécurité.
Les chrétiens espèrent, parce que chrétiens, pouvoir s’intégrer ailleurs.
Il n’y a pas une famille qui n’ait pas quelqu’un à l’étranger
À Jérusalem, 10.000 chrétiens au lieu de 50.000
Autre problème : quelle est notre mission de chrétiens dans ce monde musulman ?
Certains chrétiens sont tentés par l’extrémisme – de droite (au Liban), de gauche (FPLP de G. Habache)
Notre mission dans un monde musulman ? Etre présent, participer, témoigner. Car le musulman qui se convertit est un traître, mais notre témoignage de chrétien ne transparaît pas assez. C’est plus facile d’être communiste arabe que d’être chrétien arabe. Nous devons être arabes d’abord.
Les chrétiens prennent dans la résistance une place privilégiée.
Notre situation politique est très compliquée : « Etre ou ne pas être ! »
En 1917, il y avait 50.000 juifs pour 1 M. de Palestiniens
Un anglais a promis la Palestine aux Juifs.
Nous sommes sous occupation, menés par le bout du nez par un autre. Nous ne gouvernons pas, nous sommes gouvernés : c’est une oppression. Celui qui vit dans la pays depuis toujours est un étranger chez lui et celui qui arrive de Sibérie est un citoyen. Il y a des tortures dans les prisons juives, mais l’opinion n’y croit pas. Il y a des châtiments collectifs : exil, attentats, destruction de maisons, colonie de peuplement, expropriation…
Processus de paix ? Camp David ?
Autonomie = autre nom de l’occupation : nous n’avons ni presse, ni parlement, ni terres, ni eau..
Ce que les Palestiniens veulent, c’est l’autodétermination.
Jérusalem : aucun ne peut dire : c’est pour moi seul, ni juif, ni musulman, ni chrétien.
Elle peut devenir à la fois la capitale de la Palestine et d’Israël.
Nous avons été chassés du Liban, de Jordanie : nous n’avons aucun terrain de lutte.
Quel est le projet politique de l’OLP ? Un état laïc pour juifs et palestiniens : solution idéale obligeant les juifs à sortir d’eux-mêmes ; modèle possible pour toute le Moyen-Orient, obligeant à rompre les relations Islam/État
Mais c’est un projet impossible… D’abord obtenir un mini état palestinien…
Peut-être dans 100 ans un pays pour tous ses habitants car c’est un non-sens de couper la Palestine.
Cette soirée m’a beaucoup marqué, j’en ai souvent parlé et, en 2001, quand j’ai été en retraite, je suis devenu adhérent et même un peu militant de France Palestine Solidarité.
Quelle foi il faut avoir, quand on est chrétien palestinien, pour dire comme Mgr Sabbah à Pentecôte 90 : « Aimons ce Dieu qui parle aux hommes et aimons son choix divin. Souhaitons au peuple de nos pères Abraham, Isaac et Jacob tout le bien que Dieu veut lui accorder. Nous croyons fermement que l’amour de Dieu pour un peuple ne peut être une injustice envers un autre peuple. Il ne faut pas permettre à la politique et au mal des hommes de défigurer l’amour de Dieu pour tous ses enfants. Abraham est le Père de tous les croyants. La foi en Dieu doit rapprocher les peuples malgré leurs conflits politiques. Le croyant doit donc entretenir un dialogue constructif avec le croyant de toute religion. La préparation des cœurs croyants, réconciliés et capables de coexister est l’exigence requise pour instaurer la paix et la justice ».
Dans « Vers Jérusalem » du Cardinal Martini p. 146